<27>d'un côté tout différent. Soyez-en persuadée, madame, comme de tous les sentiments avec lesquels je suis

Votre très-affectionné ami.

12. DE LA MARQUISE DU CHATELET.

Bruxelles, 1er août 1739.



Monseigneur,

J'ai tant de remercîments à faire à Votre Altesse Royale, et tant de pardons à lui demander, que je suis embarrassée entre ma reconnaissance et ma confusion. V. A. R. a su la vie errante que j'ai menée depuis trois mois, et c'est encore sur le point de partir que j'ai l'honneur de vous écrire. Je vais passer une quinzaine de jours à Paris, et je voudrais bien, pendant que j'y serai, recevoir quelques ordres de V. A. R., et couper l'herbe sous le pied à Thieriot. Mon séjour en Flandre a été rempli par vos bienfaits. Vous avez su sans doute, monseigneur, que celuia qui en était chargé nous trouva à Enghien, répétant une comédie. Nous descendîmes promptement du théâtre pour aller jouer une partie de quadrille avec ces boîtes charmantes et pleines de grâces et de galanterie que V. A. R. m'a fait l'honneur de m'envoyer. Quelques jours après, le duc d'Aremberg vint célébrer ici la santé de V. A. R. avec ce bon vin de Hongrie, qui est véritablement du nectar. Nous avons encore pris cette liberté avec M. Schilling;b car V. A. R. doit bien me rendre la justice de croire que, dès que je sais un Prussien dans Bruxelles, mon plus grand soin est de saisir cette occasion de parler de vous et de m'informer d'un prince qui m'honore de tant de bontés, et que j'admire par tant de titres.


a M. Girard, négociant, à Berlin.

b Guillaume Schilling, lieutenant au régiment du Prince royal, alors en recrutement à Bruxelles.