<219>l'inconnu est une fable en pure perte; un maître de poste y a donné lieu, qui, se trouvant auprès des équipages, crut trouver plus de sûreté en combattant avec les autres qu'en demeurant seul auprès des équipages.a

Je plains le pauvre Césarion. Avouez-moi qu'il est bien fait, lui, pour se marier. Il me fait cependant beaucoup de compassion et par le corps, et par l'esprit. Rottembourg se rétablit tout à fait, et nous sommes ici assez tranquilles. Je lis beaucoup lorsque je n'ai pas d'ouvrages plus sérieux à faire; enfin ma tente ressemble infiniment plus à la demeure d'un philosophe que le tonneau ridicule de Diogène ou le bouge indécent de Leibniz.

J'ai reçu les vers que vous m'envoyez. L'Hercule travesti me paraît assez trivial; j'espère que la comédie que vous me promettez vaudra mieux.

Adieu, Jordan Tindalien,
Fidèle ami, bon citoyen,
Mais qui, par prudente sagesse,
Se ménage plus d'un moyen
Pour cacher sa grande faiblesse,
L'attachement pour son espèce,
Dans les antres poudreux du vieux pays latin.

146. DE M. JORDAN.

Berlin, 5 juin 1742.



Sire,

J'ai reçu deux lettres de Votre Majesté en même temps; voilà plus d'honneur et de plaisir que je n'en mérite. Cet avantage me sert de remède; c'est un excellent lénitif pour un homme qui, depuis le mois de novembre, est entre les mains de la Faculté meurtrière. Mon corps est très-cacochyme, et l'esprit qui le sert.


a Frédéric attribue ici à un maître de poste le trait de courage du pasteur Seegebart à la bataille de Chotusitz.