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131. A M. JORDAN.

Chrudim, 11 mai 1742.

Cher Jordan, j'ai la tête si étourdie par un chaos d'affaires qui m'est survenu tout à la fois, que je te demande quartier pour le coup. Je suis si occupé, j'ai tant à penser, tant à écrire, tant d'ordres à expédier, qu'il m'est impossible de te parler beaucoup raison. Tout ce que je puis te dire, c'est que nous camperons le 13 de ce mois, que les Autrichiens marchent à nous, et que certainement, s'il n'arrive pas quelque miracle, je ne pourrai revenir à Berlin que vers la fin d'octobre ou le commencement de novembre.

Adieu; je te recommande à la garde de la philosophie et du dieu de la santé.

132. DE M. JORDAN.

Berlin, 12 mai 1742.



Sire,

J'ai séquestré mon Apollon,
Adieu j'ai dit aux neuf pucelles,
J'ai quitté le sacré vallon,
Pour vous débiter des nouvelles.

V. M. doit avoir reçu deux ou trois de mes lettres remplies de nouvelles de politique, de littérature et de ville. La précédente roulait sur le plaisir; mais, à parler naturellement, ce n'est qu'afin d'en entendre parler V. M.

C'est l'esprit qui nous fait connaître
Ce que plaisirs ont de plus séduisant.
Vous en avez infiniment;
Qui pourrait mieux que vous nous en parler en maître?

On dit ici que Brühl, de la cour de Saxe, est entièrement dis-