<196>idées de ce que vous devez penser sur nos opérations, et pour que, si l'on en parle devant vous, vous sachiez que dire.

La Moravie, qui est un très-mauvais pays, ne pouvait être soutenue, faute de vivres, et la ville de Brünn ne pouvait être prise, à cause que les Saxons n'avaient pas de canons, et que, lorsqu'on veut entrer dans une ville, il faut faire un trou pour y passer. D'ailleurs, ce pays est mis en tel état, que l'ennemi ne saurait y subsister, et que dans peu vous l'en verrez ressortir.

Adieu, doctissime Jordane. Travaillez bien à l'honneur de la science, et comptez-moi au premier rang de vos admirateurs et de vos amis. Vale.

127. DE M. JORDAN.

Berlin, 5 mai 1742.



Sire,

J'ai reçu deux lettres de Votre Majesté, également spirituelles, comme le sont toutes celles qui partent de sa main. La dernière est pleine d'esprit, mais de cet esprit qui assaisonne ce qu'il dit d'un sel préparé par la Satire même.

Vous connaissez également
L'art de toucher parfaitement la lyre,
Vous guerroyez habilement,
Vous excellez dans la satire.

V. M. veut des nouvelles? On dit que le roi de Pologne a acheté un brillant à Leipzig, qui coûte huit cent mille écus; qu'il y a un abbé à Vienne, de la part de la France, nommé Fargé, qui y négocie, et qui y est très-incognito; qu'il y aura une suspension d'armes.

Pour ce qui regarde les nouvelles littéraires,

Grâces je rends à Votre Majesté
De demander nouvelles littéraires;
J'en suis fourni, je puis, sans vanité,
Vous en donner, et des moins ordinaires.