<144>Quand je les lis, ils m'échauffent l'imagination, comme la voix de Farinelli échaufferait celle de Graun. Sans cela, mon esprit est sec et froid; j'ai beau l'exciter, il me manque au besoin.

Qu'il fasse froid, qu'il fasse chaud,
Mon esprit est toujours le même;
Bizarre jusques à l'extrême,
Il n'obéit jamais quand il le faut.

Ma volonté est obligée de faire avec mon esprit ce que fait un homme sage avec sa femme qui est chagrine : il gémit, il prend patience, et se tait.

On assure ici, comme une chose positive, le départ de Neipperg pour la Moravie. Dieu le conduise! Il laisse à V. M. le champ libre; il a raison de le faire, puisqu'il y va de son intérêt, et il fait bien de vous laisser prendre Neisse, puisque la résistance qu'il voudrait faire ne pourrait que lui coûter beaucoup de monde, et sa reine n'en a pas trop.

J'ai l'honneur d'être, etc.

92. DU MÊME.

Breslau, 21 octobre 1741.



Sire,

On dit que le prince Léopold est devant Neisse, et que la garnison ne saurait tenir longtemps; qu'elle abandonnera bientôt la place aux troupes de V. M.

On assure ici positivement que Neipperg a eu l'honneur de s'entretenir avec V. M. à deux reprises.a Tout cela fait soupçonner la paix prochaine.

Ce qu'il y a de particulier, c'est qu'on a reçu ici des lettres de Venise dans lesquelles on marque que V. M. y est attendue cet hiver. Cette nouvelle m'a fait plaisir, parce qu'elle a réveillé en


a Voyez t. II, p. 101.