<391>de refroidir votre cœur, ne sert qu'à le rendre plus calme, plus ferme, plus compatissant, plus tendre! Quoi! le plus grand des rois veut devenir Pylade pour Oreste! Oh! qui jamais pourra dire tout ce que de tels sentiments ont de sublime et de touchant?

Puisque vous l'ordonnez, monseigneur, je vais travailler, par un prompt arrangement de mes affaires, à me préparer le bonheur si digne d'envie de n'appartenir désormais qu'à vous seul, etc.

100. A M. DE SUHM.

Charlottenbourg, 14 juin 1740.



Mon cher Diaphane,

Votre lettre n'a point été rendue à son adresse, car j'avais changé de sort avant qu'elle arrivât. Cependant l'extérieur n'altère point l'intérieur, et le titre ne change rien à ma façon de penser. Je puis donc à présent vous dire d'une manière positive qu'il ne dépend plus que de vous d'être à moi, et que j'attends votre résolution pour savoir comment et sur quel pied vous voudrez l'être.

Ce me sera une grande consolation, dans le deuil où je suis de la mort de mon père, de pouvoir me retrouver avec un ami que j'aime et que j'estime.

Faites ce que vous pourrez pour engager M. Euler, grand algébriste, et, si vous pouvez, amenez-le avec vous. Je lui donnerai mille ou douze cents écus de gages.

Faites mes excuses à La Chétardie de ce que je ne lui ai point répondu à sa lettre; mais je la reçus le jour même que le malheur m'arriva.

Je vous embrasse, cher Diaphane, de tout mon cœur, dans l'espérance de vous revoir bientôt.

Federic.