<382>un petit air manié; cependant il se peut très-bien que ce fût moi-même qui l'eusse mal cacheté. J'y ai trouvé de la main de V. A. R. quelques essais de vers qui paraissaient destinés à composer un éloge de la gloire et de la vertu.a Je vous y ai bien reconnu, monseigneur, car, dans tous vos travaux littéraires, il est aussi facile de vous reconnaître au choix des sujets également dignes de vous et de votre plume que vous vous proposez qu'à la manière dont vous savez les traiter.

Les nouvelles que vous me donnez du philosophe Wolff et de la fortune que vient de faire sa philosophie ne m'ont pas moins surpris que réjoui. En vérité, monseigneur, vous pouvez vous féliciter de ce qui arrive comme d'un miracle, et vous en réjouir comme de votre ouvrage. Que cet exemple vous fasse reconnaître ce que votre modestie semble vouloir vous cacher, vous fasse reconnaître, dis-je, de quelle influence ne va pas être dans le monde la supériorité de votre heureux génie. Je ne tiendrais sûrement pas ce langage, monseigneur, à tout autre prince qu'à vous, ou si je ne pensais pas avec un ancien qu'une sage confiance en soi-même, dirigée par une juste connaissance de ses forces, est la mère des grandes actions. Agréez, monseigneur, etc.

92. DU MÊME.

Pétersbourg, 28 novembre 1739.



Monseigneur

Comme le temps s'est mis au beau, et que les chemins sont bons, le Duc fit venir hier au manége le cheval persan qu'il envoie à V. A. R. Il est gris, fort haut pour un persan, et d'une grande beauté. Le Duc, l'ayant trouvé en bon état, me dit qu'il le ferait partir le lendemain, et qu'il donnerait ordre qu'il fût


a Il s'agit probablement ici de l'Épître sur la Gloire et l'Intérêt. Voyez t. X, p. 79-90.