<311>pas, monseigneur, d'agir ici contre vos ordres et contre ma promesse; ce n'est ici qu'un simple rapport que je vous fais de ce qui s'est passé, et toute votre modestie, quelque grande qu'elle soit, ne peut imposer à deux personnes qui se plaisent à parler de vous la loi de ne point exalter les grandes et belles qualités qu'ils remarquent en vous, et qu'ils jugent tout à fait dignes de vous-même.

Je pars demain de grand matin pour Königsberg, n'espérant recevoir qu'à Pétersbourg une réponse à celle-ci. Pour ce qui regarde la souscription de la nouvelle édition des Batailles du prince Eugène et la commission touchant le manuscrit de la Vie de ce prince, dont V. A. R. m'a fait le plaisir de me charger, elle peut être assurée que je m'en acquitterai de mon mieux, désirant, par mes soins et mon exactitude à la remplir à son entière satisfaction, de mériter qu'elle me juge digne d'être chargé d'autres commissions infiniment plus importantes encore.

Je ne laisse pas, chemin faisant, de faire mes remarques sur ce que je pourrai changer pour la commodité de mon voyage, lorsqu'il s'agira de revenir. Cette époque fortunée où je pourrai me revoir aux pieds de V. A. R. est le terme où tous mes désirs et toutes mes pensées viennent aboutir. Je l'attends avec impatience, vous suppliant, monseigneur, de me conserver jusqu'à ce temps votre gracieux souvenir, et de me regarder comme celui de tous les mortels qui vous est le plus attaché par tous les sacrés liens du devoir et de la reconnaissance, etc.

44. A M. DE SUHM. (no 2.)

Remusberg, 22 janvier 1737.



Mon cher Diaphane,

Vous voilà donc parti de Danzig, et peut-être déjà au delà de Königsberg, par des chemins affreux, par des saisons plus rudes que les nôtres, et, ce qui m'inquiète le plus, exposé à tous les malheurs qui peuvent arriver dans un si long et si pénible voyage.