<298>ne comprenons pas trop tous deux, et qui cependant prennent un air de vraisemblance dans votre bouche. Wolff dit sans contredit de belles et bonnes choses, mais on peut pourtant le combattre, et dès que nous remontons aux premiers principes, il ne nous reste qu'à avouer notre ignorance. Nous vivons trop peu pour devenir fort habiles; de plus, nous n'avons pas assez de capacité pour approfondir les matières, et d'ailleurs il y a des objets qu'il semble que le Créateur ait reculés, afin que nous ne puissions les connaître que faiblement.a Je commencerai bientôt à attiser le feu qui vous échauffera. Je vous prie, mon cher Diaphane, que mes soins ne soient pas perdus. Je vous promets beaucoup d'amitié de ma part; c'est la seule monnaie avec laquelle je suis en état de vous payer; elle est de peu de prix pour ceux qui n'ont point de sentiments. Je vous rends assez justice, mon cher, pour ne pas même vous soupçonner d'une pareille insensibilité. Je me flatte que mon amitié vous est chère. C'est encore de la fumée, il est vrai, mais qui peut se consolider; c'est une bonne intention qui se réalisera un jour, et dont je ne désespère pas de vous faire sentir les influences. C'est à la vérité vous prêcher la patience, mais c'est en même temps vous faire l'éloge de l'estime et de la constante amitié avec laquelle je suis,



Mon très-cher Diaphane,

Votre très-fidèlement affectionné ami,
Frederic.

37. DE M. DE SUHM.

Dresde, 20 novembre 1736.



Monseigneur

Les trois gracieuses lettres dont il a plu à Votre Altesse Royale de m'honorer sous les dates du 23 octobre, du 7 et du 16 novembre, sont venues me surprendre dans une conjoncture et dans


a Voyez la lettre de Voltaire à Frédéric, du 26 août 1736.