<273>tous les trésors du Pérou, je ne balance pas un moment entre le choix que je devrais faire, et je trouve en vous un trésor qui m'est plus utile que tous ceux que la masse grossière et matérielle de ce monde pourrait offrir. Vous savez que mon cœur est incapable de se démentir, et qu'il ne se sert de ma plume que pour exprimer d'une manière figurée ses sentiments.

Si mon cœur dans mes vers ne parle par ma plume,
Que le feu qui l'anime aussitôt le consume.

Je pars demain pour la Prusse. Le voyage sera de quatre semaines, pendant lesquelles notre fameux précepteur Wolff sera ma compagnie. Adieu, mon cher Diaphane. Il est superflu de vous répéter tous les vœux que je fais pour la réussite de vos desseins. Puisse votre sort, d'une manière inséparable, être uni au mien! Puissé-je un jour vous témoigner ma reconnaissance autant que je le désirerais, et que chaque jour me fournisse l'occasion de vous réitérer de vive voix les sentiments de la plus parfaite estime qui fut jamais!

Je suis,



Mon cher Diaphane,

Votre très-fidèle ami,
Frederic.

22. AU MÊME.

Camp de Wehlau, 18 juillet 1736.



Mon cher Suhm,

Malgré les fatigues du voyage et les occupations militaires dont je suis chargé, ne croyez pas que je perde Wolff de vue un moment. C'est le point fixe sur lequel toute mon attention est tournée; plus je le lis, plus il me donne de satisfaction. J'admire la profondeur de ce célèbre philosophe, qui a étudié la nature comme jamais personne ne l'a fait, et qui est parvenu à pouvoir rendre raison de choses qui autrefois étaient non seulement