<270>ment que je le ferais même dans les termes les plus énergiques. Que ce respectueux silence vous dise donc tout ce que je ne puis que sentir.

Quand ma vie me serait odieuse, l'intérêt que vous daignez y prendre suffirait pour me la rendre chère. Je reviens donc avec joie à la vie, puisque le ciel le veut, et que V. A. R. le désire; mais, monseigneur, souffrez que ce soit pour ne vivre désormais que pour vous, pour jouir du seul bien que j'ambitionne, celui de posséder vos bonnes grâces, pour être témoin, enfin, de vos vertus et de votre gloire.

La continuation de Wolff, que j'ai l'honneur d'envoyer à V. A. R., nous mène bien près de la fin du troisième chapitre. Je me suis aperçu d'une faute dans le paragraphe 282 de l'envoi précédent, où le mot entendement se trouve à la place de celui d'imagination.

Quoique je me voie obligé d'aller à Dresde pour y attendre le retour de la cour de Varsovie, Wolff et mon écritoire ne me quitteront point.

Je suis avec le plus profond respect, etc.

20. DU MÊME.

Dresde, 29 juin 1736.



Monseigneur

Je me suis rendu ici à très-petites journées, et, quoique j'eusse bien résolu de ne pas perdre de temps, et de travailler chemin faisant, je n'ai pu cependant en trouver la commodité. Du reste, je n'ai jamais fait en ma vie de voyage plus agréable et plus délicieux que celui-ci, car j'ai eu continuellement en main la dernière lettre dont V. A. R. m'a honoré; je l'ai lue et relue mille fois sans pouvoir m'en rassasier, et, me livrant sans réserve aux douces réflexions qu'elle m'inspirait, je suis enfin arrivé ici sans rien savoir de tout ce voyage, sinon que j'étais parti de Lübben.