<266>qui lui a fait considérer le pauvre prince et son régiment d'un œil misanthrope et hypocondre. Dieu me préserve d'un pareil sort! Mon parti serait bientôt pris, si pareille chose m'arrivait. J'attends le jour, le moment, la minute où je partirai d'ici pour m'en retourner dans mon repos et pour jouir de la vie; j'aurai alors plus de temps qu'à présent pour vous assurer de la parfaite et sincère estime avec laquelle je suis,



Mon très-cher Diaphane,

Votre très-fidèlement affectionné ami,
Frederic.

17. DE M. DE SUHM.

Lübben, 1er juin 1736.



Monseigneur

La dernière lettre dont Votre Altesse Royale m'a honoré m'a trouvé dans un état qui me rendait fort nécessaire un pareil encouragement à demeurer dans ce monde, car une colique affreuse m'en avait tout à fait dégoûté. Sérieusement, monseigneur, j'ai cru aller voir des yeux de l'entendement pur tout ce que Wolff nous montre avec toute la netteté dont notre perception est ici-bas capable; et après m'être entièrement résigné aux volontés de cet Être par lequel tous les autres existent, je me suis mis à confier à un papier mes dernières pensées terrestres pour V. A. R. Ah! que ne lui disais-je pas sur la douleur que j'éprouvais en quittant ce monde avant que d'avoir pu lui être aussi utile que je le souhaitais, avant que d'avoir pu lui donner des preuves tout à fait convaincantes que mon premier, mon plus ardent désir était de lui sacrifier mon sang et ma vie! Ensuite je faisais l'unique testament que j'avais à faire, disposant de mes enfants, et je prenais la liberté de les léguer à V. A. R. N'ayant plus rien à faire après cela, je serais mort dans la douce persuasion qu'elle n'aurait point, dédaigné mon legs. Mais, monseigneur,