<258>graphe 75 jusqu'au 90e. J'ai mieux aimé envoyer peu cette fois que de manquer une poste. Mais ce peu mérite beaucoup d'attention, et sera, je m'assure, trouvé digne des réflexions de V. A. R.

Oserais-je, monseigneur, vous faire part d'une découverte que je crois avoir faite dans mon petit travail? Je crois m'être aperçu que la langue allemande est plus propre aux raisonnements métaphysiques et abstraits que la française. Les raisons qui me l'ont lait juger sont, premièrement, que la langue allemande est plus riche en mots, et, secondement, qu'elle n'est pas aussi sujette aux ambiguïtés que la langue française; ce qui fa rend propre à exprimer chaque pensée avec plus de précision et de netteté, et par conséquent avec plus de force. Je sens fort bien toute la hardiesse d'une telle assertion; mais sachant combien V. A. R. est prompte et facile à se rendre à de bonnes raisons, pourquoi craindrais-je d'en avancer? et pourquoi ne me permettrait-elle pas de m'élever jusqu'à l'imiter en cela, en me laissant frapper par des raisons frappantes? Il est vrai que je puis me tromper en attribuant à la langue française des défauts que je ne devrais chercher que dans moi-même; c'est aussi ce qui m'a fait prendre la précaution de mettre à la marge les mots allemands que je n'ai pas cru pouvoir rendre assez bien en français, laissant à la pénétration de V. A. R. le soin de suppléer à l'imperfection de mon travail.

J'ai l'honneur d'être avec le plus parlait dévouement et le plus profond respect, etc.

10. A M. DE SUHM.

Ruppin, 14 avril 1736.



Mon cher Diaphane,

Comment pourrai-je assez vous remercier de toutes les peines que vous vous donnez pour l'amour de moi? Je vous assure que j'en suis reconnaissant autant qu'on peut l'être. Me voilà donc à la fin parvenu, par vos soins, jusqu'à cet être simple ou indi-