<221>Adieu, mon cher comte; ne doutez jamais des sentiments d'estime et d'amitié avec lesquels je suis inviolablement

Votre parfaitement affectionné ami,
Federic.

19. AU MÊME.

(Mars 1740.)



Mon cher comte,

Je puis pour le coup vous donner moi-même des nouvelles de ma résurrection, à laquelle vous daignez vous intéresser. Après avoir eu une santé assez languissante tout cet hiver, et après avoir passé par ce que la médecine a de plus dégoûtant en fait de remèdes, la santé m'est revenue, et j'ai la satisfaction de vivre, et de vivre encore pour mes amis. Heureux si je pouvais leur être de quelque utilité, et que, avec un peu de santé et beaucoup d'envie de les servir, je pusse leur en donner des marques!

Je vois arriver ce que j'avais prévu, que votre séjour de Hollande me priverait du plaisir de vous voir. J'aurais grande envie de quereller la lenteur de vos flegmatiques seigneurs et maîtres. Votre promotion demandait une réflexion de bien des mois! Vous l'avez méritée depuis longtemps; vous êtes le plus ancien des généraux-majors : eh bien, pourquoi ne point achever tout de suite ce à quoi tant de bonnes raisons imitaient indispensablement? Si c'était un problème d'algèbre hérissé de calculs différentiels, alors je trouverais qu'un bon gros bourgeois d'Amsterdam ou de Delft serait assez embarrassé sur ce qu'il aurait à faire; mais la chose du monde la plus claire, la plus évidente, la récompense d'un mérite universellement reconnu, comment la différer, et pourquoi? Mais quelque génie malfaisant paraît me faire ce tour par malice; c'est lui assurément qui cause l'extraordinaire lenteur de MM. les états généraux; c'est lui qui sème votre chemin de difficultés; c'est lui qui m'envie le plaisir de vous