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1. A M. ELLER.

Ruppin, 3 mai 1740.

Mon cher Eller, je vous suis obligé des nouvelles que vous me donnez de la santé du Roi, quoique mortifié en même temps qu'elles ne sont pas meilleures. Je me flatte encore que cette attaque-ci passera de même que les précédentes. C'est, selon toutes les apparences, quelque nouvelle vomique qui vient de crever, et qui causera beaucoup d'incommodités avant qu'elle soit purifiée par l'expectoration. J'espère que vous ne changez pas encore de pronostic, car j'avais fait fond de passer ici tranquillement et en pleine liberté cinq ou six semaines, et, tant par rapport au Roi que par rapport à moi-même, je serais bien fâché de voir mon plan dérangé. Si cependant vous trouvez, contre notre espérance, que les accidents empirent, vous aurez la bonté de m'en avertir, afin que je puisse prendre des arrangements convenables aux conjonctures, et je me repose entièrement sur votre habileté et sur vos soins. Soyez persuadé d'ailleurs que je vous estime et considère. Adieu.

Federic.

2. AU MÊME.

Ruppin, 13 mai 1740.

Mon cher Eller, je vous suis fort obligé du status morbi que vous m'avez fait de la santé du Roi. Il paraît que cette maladie fait un cercle continuel d'accidents fâcheux et de soulagements. Ce qui est sûr, c'est que le mal est aussi extraordinaire que le malade, et qu'il faudrait, je crois, un médecin tout aussi extraordinaire pour opérer une restitution complète. Je vous prie de