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34. AU MÊME.

Ruppin, 10 mai 1739.



Mon cher Camas,

Je suis charmé que quatre jours d'étude à l'université de Potsdam vous aient rendu savantissime dans l'art des exercices. Je suis persuadé que vous avez vu des merveilles, et je suis même sûr que ni vous ni moi ne les imiterons pas. Heureux qui peut faire un si grand profit, tel que vous venez de le faire, en si peu de temps! Plus heureux qui peut encore le faire à moins! J'ai envoyé mon lieutenant étudier pour moi, à l'imitation des chanoines de la sainte Chapelle,

qui laissent en leur lieu
A des chantres gagés le soin de louer Dieu.a

J'ai reçu ordre d'entrer jeudi à Berlin; mon régiment est muni d'arguments à six pieds que c'est une bénédiction. Si par une rigide observance de la loi on est sauvé, nous le serons; si par un exercice correct on fait sa cour au Roi, nous la ferons; si par l'intercession de colosses on peut faire fortune à Berlin, je puis faire fond sur la mienne; et si par des sentiments sincères on mérite le retour de ses amis, je puis compter sur votre amitié. Adieu, mon cher Camas; comptez sur les sentiments de ma parfaite estime et d'une sincère amitié.

Federic.

35. AU MÊME.

Aux haras de Prusse (à Trakehnen), 10 août 1739.



Mon cher Camas,

Les deux nouvelles qui m'ont le plus surpris depuis mon départ, dont l'une me réjouit autant que l'autre m'attriste, au point que j'échangerais l'une pour l'autre, si je pouvais racheter l'une par l'autre, sont, pour les rapporter selon l'ordre des temps, la grâce


a Voyez ci-dessus, p. 172.