<163>du jeudi au vendredi,a une crampe d'estomac si violente, que j'ai pensé y succomber. Les médecins m'ont donné une si grande quantité de remèdes, et de nature si forte, qu'ils m'ont sauvé pour celte fois. Depuis ce temps, j'ai eu quelques petites attaques avec des battements de cœur très-violents et des sueurs exténuantes. La nuit passée est la première où j'aie goûté quelque repos. Ellerb m'assure qu'il me guérira radicalement. Si par la diète et le régime on peut se guérir, je suis sûr de me remettre, et si l'habileté du médecin peut me rendre la santé, je dois me flatter de la recouvrer, car Eller est fort habile homme.

Le Roi part aujourd'hui; j'irai prendre congé de lui, et s'il ne communie point à présent, j'espère de pouvoir partir la semaine prochaine pour mon chez-moi. J'ai souffert et des chagrins qui me sont donnés, et des maux qui me sont venus. Le corps malade et l'esprit affligé conduisent tout droit à l'éternité. Je vous ferai avoir sans grande peine la lettre de Maréchal; il faut seulement que je trouve le moment de lui parler. Ne choisissez pas ce qu'il y a de plus grand parmi la marchandise de ces commissaires, mais ce qu'il y a de mieux fait. Je suis avec des sentiments dignes des temps d'Oreste et de Pylade,



Mon cher Camas,

Votre très-fidèlement affectionné ami,
Federic.

33. AU MÊME.

Ruppin, 15 mars 1739.



Mon cher Camas,

Il n'y a aucune retraite assez profonde, aucun engagement assez puissant, aucune passion assez forte pour me rendre inaccessible à mes amis. Si je m'enferme dans l'étude, si je donne quelques moments aux muses, c'est toujours dans le dessein de me rendre


a C'est-à-dire du 22 au 23 janvier.

b Voyez ci-dessus, Avertissement de l'Éditeur, no XI.