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ODE AUX GERMAINS.

O malheureux Germains! vos guerres intestines,
Vos troubles, vos fureurs annoncent vos ruines.
Que de cris douloureux font retentir les airs!
Quels monuments affreux de vos longues alarmes!
Vos cités sont en poudre, et vos champs, des déserts.
Et des fleuves de sang ruissellent sous vos armes.
Vos triomphes odieux
Précipitent la patrie
Dans l'affreuse barbarie
Qu'ont bannie vos aïeux.
L'œil brûlant de fureur, la Discorde infernale
Excite en vos esprits cette haine fatale,
La soif de vous détruire et de vous égorger.
Vos sacriléges mains déchirent vos entrailles :
Le ciel, le juste ciel, qui se sent outrager,
N'éclaire qu'à regret vos tristes funérailles;
Et craignant de se souiller,
Déjà le flambeau céleste,
Comme au festin de Thyeste,
Est tout prêt à reculer.