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A LA PRINCESSE AMÉLIE, SUR UNE NÉGOCIATION DE PAIX QUI ÉCHOUA.

Volez, mes vers, à Magdebourg,
Allez chez ma sœur pour lui dire
Que de sa troisième hégire7
Nous atteignons le dernier jour.
Ce fier triumvirata qui voulait me proscrire
Paraît agonisant, et sa fureur expire;
Du Très-Chrétien battu les guerriers affaiblis,
Revenus d'un profond délire,
Ne feront plus flotter les lis
Parmi les aigles de l'Empire.
Mais après leur défection,
L'orgueil, l'acharnement, l'extrême ambition
Dont brûle l'implacable reine,
Le formidable apprêt, joint au puissant effort
De la souveraine du Nord,
Feront encor rougir l'arène
D'un sang dont leur rage inhumaine
Voudrait désaltérer l'insatiable Mort.
Ainsi nos vœux fervents ont adouci le sort;
Jouet des aquilons et des fureurs de l'onde,


7 Fuite de Mahomet de la Mecque. Pendant la guerre, la cour se retira trois fois de Berlin à Magdebourg.

a Voyez ci-dessus, p. 137.