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ÉPITRE A VOLTAIRE, QUI VOULAIT NÉGOCIER LA PAIX.

Cest donc vous qui croyez m'exhorter à la paix?
Elle a fait de tout temps le but de mes souhaits;
J'espère vainement d'en célébrer la fête.
Neptune, et non pas moi, peut calmer la tempête;
C'est aux antiques dieux, de l'Olympe habitants,
A réprimer les mers, à renfermer les vents.
Pour moi, nouveau sevré dans la troupe céleste,
Je dois borner mes soins à quelque avis modeste;
Mais je connais des dieux doux, sages, bienfaisants.
Qui, toujours modérés, toujours conciliants,
Déplorant dans leur cœur les souffrances publiques,
Occupent leurs vertus de projets pacifiques.
Pour laitière Junon, Virgile vous l'a dit,
De nos cruels débats son orgueil s'applaudit;
Souvent, dans l'univers répandant les alarmes,
Des dieux trop aveuglés pour elle ont pris les armes.
C'est elle que l'on vit, sur les bords phrygiens,
Persécuter Hector, Priam et les Troyens,
Et sur des fugitifs sa colère acharnée
Poursuivit par les mers Anchise avec Énée.
L'Europe, assez longtemps trop docile à ses lois,
Ouvre un œil fasciné pour la première fois,