<159>LE PALLADION, POËME GRAVE.

CHANT Ier.

Je ne suis né pour chanter des héros;
Un flageolet me tient lieu de trompette.
Pégase court et par monts et par vaux
Quand sur sa croupe il porte un vrai poëte;
Quand je le monte, il semble une mazette,
Le plus rétif de tous les animaux.
Je veux pourtant chanter de ma voix rauque
Ce Valori, ce fameux champion
Qui, par l'effet de son destin baroque,
Des Prussiens fut le palladion,
Et pour lequel se fit mainte blessure.
Quand les hussards, fins et rusés matois,
De l'enlever essayant l'aventure,
Autour du camp venaient en tapinois.
O vous, divin et très-bavard Homère!a
Des rimailleurs et l'oracle et le père,
Qu'ont adoré tous vos commentateurs,
Gens ennuyeux, comme vous radoteurs,
Trompez pour moi le vigilant Cerbère,


a Voyez ci-dessus, p. 18 et 34.