<123>Qu'un fanatique ridicule
Y place son plus doux espoir;
Qu'on prépare pour ce manoir
Un quidam que la fièvre brûle,
S'il faut lui dorer la pilule
Pour l'envoyer tout consolé,
Bien lesté, pieusement huilé,
Passer en pompe triomphale
Aux bords de la rive infernale :
Moi, qui ne suis point affublé
De vision théologale,
Je préfère à l'onde infernale
La solide réalité
Des voluptés de cette vie.
Je laisse la félicité
Dont on prétend qu'elle est suivie
A tout fanatique entêté
Dont l'âme, au plaisir engourdie,
Ne vit que dans l'éternité;
A cette engeance triste et folle
Des Malebranches de l'école,
Grands alambiqueurs d'arguments,
Dont la raison et le bon sens
Subtilement des bancs s'envole.
Ah! puisse un Astolphe nouveau,
Ayant pitié de leur cerveau,
Leur en rapporter la fiole!a
Pour moi, qui me ris de ces fous,
Je m'abandonne sans faiblesse
Aux plaisirs que m'offrent mes goûts;
Et, lorsque mon démon m'oppresse,
Aux riches sources du Permesse
J'ose encor puiser quelquefois.
Mais l'âge fane ma jeunesse,
Mon front, sillonné par ses doigts.
M'apprend, hélas! que la vieillesse


a Voyez t. X, p. 239.