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CHANT III.

Vous avez parcouru les arsenaux de Mars.
C'est peu d'être enrôlé sous ses fiers étendards,
C'est peu que d'un soldat le courage s'estime,
Si, maître de son art, il ne tend au sublime.
Suivez-moi dans son temple, observez, pénétrez
Ses mystères divins, de la foule ignorés;
Loin des sentiers battus où rampe le vulgaire,
D'un pas sage et hardi marchez au sanctuaire.
Voyez-vous ces chemins raboteux, resserrés,
Teints du sang des héros, d'abîmes entourés?
Sur ce rocher sanglant voyez-vous dans la nue
De ce palais sacré la superbe étendue?
Son faîte est dans l'Olympe, au delà du soleil,
Où des dieux immortels s'assemble le conseil;
Ses fondements d'airain touchent au noir Tartare.
Alecton, la Discorde avec la Mort barbare,
Les gardes redoutés de ces lieux effrayants,
Lancent en vain sur vous des regards foudroyants;
La Gloire vous rassure et sa voix vous appelle,
La Gloire ouvre le temple, avancez avec elle.
Je vois les chastes Sœurs dans ces parvis sacrés;
Leurs utiles travaux n'y sont point ignorés.