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ÉPITRE XVIII. AU MARÉCHAL KEITH.a SUR LES VAINES TERREURS DE LA MORT ET LES FRAYEURS D'UNE AUTRE VIE.

Il n'est plus, ce Saxon, ce héros de la France,b
Qui du superbe Anglais renversa la balance,
De l'aigle des Césars abaissa la fierté,
Dompta dans ses roseaux le Belge épouvanté,
Et rendit aux Français leur audace première.
Ah! Mars dans les combats prolongea sa carrière;
Mais le cruel trépas qui, dans ces champs fameux,
Respecta du héros les jours victorieux,
Et ménageait en lui les destins de la France,
Dans les bras de la paix qu'on dut à sa vaillance,
Le frappe dans son lit, et lui laisse en mourant
Envier les destins qu'ont eus en combattant


a Au-dessous de ces mots, on lit dans l'édition in-4 de 1760 : « Imitation du troisième livre de Lucrèce. »

b Le comte Maurice de Saxe mourut le 30 novembre 1750, à Chambord sur la Loire. Il était né à Goslar le 28 octobre 1696, et avait été fait maréchal de France en 1743. Voyez t. I, p. 180, t. III, p. 110 et 111, et t. IX, p. 167.