<51> faute d'en trouver d'autres? Et encore les régiments d'infanterie en manquaient-ils au point qu'à peine il leur en restait douze, au lieu de cinquante-deux, dont leur nombre doit être composé selon l'ordonnance. Ces inconvénients n'empêchèrent point d'agir, parce que la nécessité le demandait; et au lieu de se plaindre du délabrement des troupes, on ne s'occupa que des moyens de résister aux ennemis avec plus de vigueur que jamais.

D'autre part, M. Loudon avait reçu de la cour de Vienne le commandement de l'armée destinée pour la Silésie. Elle était de quarante mille hommes. Ses opérations devaient être épaulées par les mouvements des Russes, qui devaient se porter sur l'Oder, selon que les deux Impératrices en étaient convenues. Le maréchal Daun, auquel on avait continué le commandement de la principale armée, devait la rassembler en Saxe. Son dessein était de tourner en Silésie, pour en achever la conquête, tandis que le prince de Deux-Ponts, qu'il prétendait laisser auprès de Dresde, devait, avec les troupes des cercles, nettoyer la Saxe et en expulser le peu de Prussiens qui pourraient y être restés.

Le grand nombre d'ennemis qui pressaient le Roi de tous les côtés; le projet qu'ils avaient formé de resserrer et concentrer leurs forces pour cette campagne; l'affaiblissement de l'armée du Roi après les pertes récentes qu'elle avait souffertes : tout faisait appréhender que la campagne qu'on allait ouvrir ne fût encore plus funeste que la précédente. On tâcha cependant de ranimer le courage des troupes et de leur rendre la confiance en elles-mêmes, en imaginant des diversions dont on apprendrait bientôt la nouvelle, en faisant courir des prophéties favorables, et en ayant recours à toutes les manières d'abuser le vulgaire qu'il est permis qu'on emploie pour son propre avantage.

Le Roi entra le 25 d'avril dans les camps de Schlettau et des Katzenhäuser. La quantité de villages qui se trouvent dans cette contrée,