<104> ne donnèrent point prise à la cavalerie prussienne. En même temps, M. de Browne fit faire un beau mouvement à ses troupes : il fit avancer quelques brigades de sa gauche qui n'avaient point combattu, dont il se servit pour couvrir ses troupes débandées, qui sortaient de Lowositz et s'enfuyaient en grand désordre. Il se retira la nuit, et fit occuper Leitmeritz par un détachement qui rompit le pont de l'Elbe qu'il avait devant soi. Le maréchal avec le gros de son armée reprit son camp de Budin, et détruisit tous les ponts de l'Éger, pour en interdire le passage aux Prussiens. L'armée du Roi perdit en morts et blessés douze cents hommes à ce combat; MM. de Quadt et de Lüderitz,a tous deux généraux de bataille, y furent tués;b on ne fit que sept cents prisonniers à l'ennemi, parmi lesquels un prince Lobkowitz, général des Impériaux : si la cavalerie avait pu être employée sur la fin de l'action, le nombre des prisonniers aurait été bien plus considérable.

Le prince de Bevern fut détaché le lendemain avec huit mille hommes à Tschischkowitz, village situé à la droite de la position du Roi, à demi-chemin de Budin. Le prince envoya de son camp des partis le long de l'Éger, pour en reconnaître les passages, mais plus encore pour donner de l'attention et causer de la jalousie à M. de Browne, afin de le contenir par ces démonstrations, et l'empêcher de penser à secourir le roi de Pologne et les troupes saxonnes. L'armée de Bohême s'en tint là; trop faible pour rien entreprendre contre


a David-Hans-Christophe de Lüderitz. Voyez t. III, p. 186.

b Le Roi ne fait mention ni du général-major Henning-Ernest d'Oertzen, ni du lieutenant-général François-Ulric de Kleist, qui furent blessés mortellement à Lowositz. Il a passé également sous silence le major de Moller, que nous trouvons mentionné avec éloge dans la Lettre de Sa Majesté le roi de Prusse à Son Excellence M. le maréchal comte de Schwerin, en date du 2 d'octobre 1756 (7 pages in-4, imprimées en 1756, sans lieu d'impression). Le Roi s'exprime ainsi : « Moller, de l'artillerie, a fait des merveilles, et m'a prodigieusement secondé. » Charles-Frédéric de Moller fut promu au grade de colonel le 11 mars 1757, et mourut à Freyberg le 8 novembre 1762. En récompense de sa belle conduite à la bataille de Lowositz il fut nommé lieutenant-colonel et décoré de l'ordre pour le mérite.