<3> à la couronne. Voici la lettre qu'il écrivita au Roi; nous l'avons copiée mot pour mot.b



Monsieur mon frère,

Après la perte que je viens de faire du cardinal de Fleury, en qui j'avais mis toute ma confiance pour l'administration de mes affaires, et dont je ne puis trop regretter la sagesse et les lumières, je ne veux pas différer à renouveler moi-même à Votre Majesté les assurances qu'il vous a données en mon nom, et que je l'ai souvent chargé de vous réitérer, de l'amitié parfaite que j'ai pour la personne de Votre Majesté, et du désir sincère que j'ai toujours eu de pouvoir me concerter avec elle sur tout ce qui peut être de nos intérêts communs. Je ne puis douter que Votre Majesté n'y corresponde de sa part comme je le puis désirer, et elle peut compter qu'elle trouvera en moi, en toutes occasions, les mêmes dispositions à contribuer à sa gloire et à ses avantages, et à lui marquer que je suis, etc.

Le département des affaires étrangères notifia en même temps que le Roi, ayant résolu de gouverner désormais par lui-même, voulait qu'on s'adressât directement à lui : jusqu'alors Louis XV avait été le pupille, et le cardinal de Fleury, son tuteur. Après la mort de Mazarin, Louis XIV porta lui-même le deuil de son ministre : personne ne le porta pour Fleury; il fut oublié avant qu'on eût prononcé son oraison funèbre. Pendant l'administration de ce cardinal, les différentes rênes du gouvernement aboutissaient toutes à lui, et venaient toutes se joindre dans ses mains : il était le point de ralliement qui réunissant les finances, la guerre, la marine et la politique, les dirigeait au moins à un même but. Depuis sa mort, le Roi voulut


a A Versailles, le 30 janvier 1743.

b En copiant cette lettre, le Roi avait fait quelques changements : nous avons restitué les passages altérés.