<28> c'était un moyen d'attacher ce jeune prince aux intérêts de la France et de la Bavière.a

En pensant à la politique, le Roi ne négligeait pas l'intérieur du gouvernement de ses États. Les fortifications de la Silésie avançaient à vue d'œil. On creusa le grand canal de Plauen pour abréger la communication de l'Elbe à l'Oder. On avait approfondi le port de Stettin, et rendu navigable le canal de la Swine. Des manufactures de soie s'élevèrent; l'insecte qui produit cette matière précieuse, devint une source nouvelle de richesse pour les habitants de la campagne, et l'on ouvrit toutes les portes à l'industrie. L'Académie des Sciences fut renouvelée :b les Euler, les Lieberkühn, les Pott, les Marggraf en devinrent les ornements; depuis, M. de Maupertuis, si célèbre par ses connaissances et par son voyage de Laponie, devint le président de cette compagnie. Ainsi finit l'année 1743.

Toute l'Europe était en guerre, tout le monde intriguait : les cabinets des princes agissaient avec plus d'activité que les armées. La guerre avait changé de cause : il ne s'agissait, au commencement, que du soutien de la maison d'Autriche; alors, de ses projets de conquête. L'Angleterre commençait à gagner un ascendant dans la balance des pouvoirs, qui ne pronostiquait que des malheurs à la France; ce qui était fermeté dans l'Impératrice-Reine dégénérait en opiniâtreté, la générosité apparente du roi d'Angleterre, en vil intérêt pour son électorat. Mais la Russie demeurait encore en paix.


a Le 16 décembre 1741, la duchesse douairière de Würtemberg vint avec ses fils à Berlin, pour leur faire achever leur éducation sous les yeux de Frédéric. Le 7 janvier 1744, le Roi fit accorder au prince Charles-Eugène, fils aîné de la duchesse, une déclaration impériale de majorité, par laquelle il parvint au gouvernement le 3 février de la même année; le 6, le Roi lui fit présent de l'Enseignement des Princes, si célèbre sous le nom de Miroir des Princes. Voyez C. Meiners und L. T. Spittler's Göttingisches Historisches Magazin. Hannover, 1787, t. I, p. 683-689. Ce ne fut donc qu'au prince héréditaire que le Roi obtint la dispense d'âge, et c'est pour cela sans doute qu'il dit ce jeune prince, et non pas ces jeunes princes comme avaient corrigé les premiers éditeurs.

b Le 23 janvier 1744. - Maupertuis fut nommé président de l'Académie le 1er février 1746.