<184> artillerie, on vit beaucoup de généraux qui voulurent suivre cette méthode. La disposition des Autrichiens à la bataille de Soor en devait être une copie, et le poste que le comte Rutowski avait à Kesselsdorf était de même modelé sur celui de Fontenoi :a la différence du comte de Saxe à ses imitateurs, mit de la différence dans leurs succès.

Cependant les deux armées prussiennes se mirent en marche : celle du prince d'Anhalt, pour s'approcher des ennemis, et celle du Roi, pour passer l'Elbe à Meissen. Le Roi fit entrer quatorze bataillons dans cette ville : le reste de l'infanterie et de la cavalerie était cantonné à la rive droite de l'Elbe : de sorte que s'il était nécessaire, en rassemblant ses troupes, le Roi pouvait secourir le prince d'Anhalt; et en cas que les Autrichiens eussent passé l'Elbe à Dresde, le Roi leur pouvait faire tête de ce côté.

Le Roi reçut, en arrivant à Meissen, une lettre de M. Villiers, qui lui apprenait que le délabrement extrême des affaires d'Auguste III, et la nécessité où il était réduit, l'avaient enfin déterminé à donner les mains à un accommodement; que Saul, le Mercure du comte de Brühl, allait partir pour Dresde avec des instructions et des pleins pouvoirs pour les ministres, afin qu'ils pussent travailler avec les ministres prussiens au rétablissement de la paix; que la reine de Hongrie voulait y accéder aussi, moyennant quelques adoucissements à la convention de Hanovre; que lui, Villiers, se rendrait au plus tôt à Dresde, pour intervenir entre les parties au cas qu'il en fût besoin, et rendre leur réconciliation plus facile.

Le Roi avait à peine achevé de lire cette lettre, qu'on vint l'avertir que du côté de Dresde toute l'atmosphère paraissait embrasée, et qu'on entendait le bruit d'une canonnade terrible. Le Roi se douta bien que le prince d'Anhalt était engagé avec les ennemis : il fit incontinent seller la cavalerie; l'infanterie eut ordre de se mettre sous les armes, et le Roi courut avec une centaine de hussards sur


a Voyez ci-dessus, p. 108.