<127> une éminence, il avait changé sa position; qu'il avait pris par sa droite, pour se former sur une hauteur opposée à l'autre, et par laquelle il débordait même la gauche de l'ennemi. C'était des Saxons qu'il voyait, et qui, ayant eu ordre de prendre la ville de Striegau, furent fort étonnés de trouver des Prussiens devant eux. Le Roi se hâta d'établir une batterie de six pièces de vingt-quatre sur ce mont Topaze, qui fut très-utile par la grande confusion qu'elle mit dans les ennemis. Les Saxons venaient avec tous leurs corps pour soutenir leur avant-garde, qui devait prendre Striegau : ils reçurent cette canonnade, à laquelle ils ne s'attendaient pas; en même temps, l'aile droite de la cavalerie prussienne se forma sous cette batterie, les gardes du corps joignant le corps de Du Moulin, et la gauche de l'aile aboutissait à ces bouquets de bois de Rohnstock. Les Prussiens, après deux charges consécutives, culbutèrent la cavalerie saxonne, qui s'enfuit à vau-de-route, et les gardes du corps taillèrent en pièces ces deux bataillons d'infanterie qui s'étaient présentés au commencement de l'affaire devant M. Du Moulin. Alors les grenadiers prussiens et le régiment d'Anhalt attaquèrent l'infanterie saxonne dans ces bouquets de bois où elle commençait à se former; ils les poussèrent, et les délogèrent d'une digue où ils voulaient se reformer; de là ils traversèrent un étang pour attaquer la seconde ligne sur un terrain marécageux. Ce combat, plus meurtrier que le premier, fut terminé aussi vite : les Saxons furent encore obligés de prendre fuite. Leurs généraux rallièrent quelques bataillons en forme de triangle sur une hauteur, pour couvrir leur retraite; mais la cavalerie prussienne de la droite, déjà victorieuse, se présenta sur leur flanc, en même temps que l'infanterie prussienne déboucha du bois pour les assaillir; M. de Kalckstein vint encore avec quelques troupes de la seconde ligne, qui débordait de beaucoup les Saxons : ils virent l'extrémité où ils étaient; ils n'attendirent pas l'attaque, mais prirent honteusement la fuite. Les Saxons furent ainsi totalement battus, avant que la gauche de