<22>point être surpris. Une armée doit être comme une araignée, qui tend ses filets de tous côtés, et qui, par leur ébranlement, est incessamment avertie de ce qui se passe.

Mais, je le répète encore, ces connaissances théoriques ne servent de rien, si l'on n'y ajoute pas une certaine pratique. Il faut s'exercer à choisir des terrains, à faire des dispositions, il faut réfléchir sur cette matière, et alors la théorie, réduite en pratique, rend habile et facilite toutes ces sortes d'opérations, et vous apprend à juger, par l'inspection, du nombre de troupes qui peuvent tenir dans la place où vous voulez camper. Plan no XV.

ARTICLE XV. COMMENT ON APPUIE LES ATTAQUES ET L'ARMÉE.

Il faut tâcher, autant qu'il se peut, d'appuyer l'aile avec laquelle on attaque à un bois, à un marais, ou même à un simple fossé; quand c'est dans une plaine et rase campagne, cela devient quelquefois impossible. Si l'on trouve un bois sur sa droite, avec laquelle on se propose d'attaquer, et que ce bois aille à la gauche de l'ennemi, il faut préalablement envoyer un corps d'infanterie et le faire escorter dans la plaine par de la cavalerie, pour occuper ce bois et couvrir le flanc de l'armée qu'on veut y appuyer; il faut même ensuite que cette infanterie que vous avez dans ce bois protége votre attaque lorsqu'elle avance à l'ennemi, ou vous risquez, par votre faute, que votre attaque sera prise en flanc en pleine marche, et sera honteusement chassée. Si l'ennemi a sur ses ailes un long village, comme il y en a tant en Silésie, il faut avant tout le nettoyer et l'occuper, pour pouvoir ensuite avancer vers l'ennemi. Je joins ici un plan d'un bois, qui est suffisant pour l'intelligence de cette importante précaution.