<27> bataille, et les endroits que l'ennemi pourrait occuper; il faut surtout s'imprimer profondément les postes les plus importants, les gorges de certains défilés et les positions principales de ces contrées, et réfléchir sur toutes les opérations de guerre qui pourraient se faire dans ces lieux, pour que ces idées se trouvent arrangées si nettement dans l'esprit, qu'on ne soit embarrassé de rien lorsque la guerre s'y fait. Ces méditations doivent être profondes et bien digérées, et il faut se donner tout le temps que des matières de cette importance demandent; lorsqu'on n'a pas bien vu la première fois, il faut retourner une seconde, revoir et examiner encore. J'ajoute pour règle générale que tous les camps que l'on choisit, soit offensifs, ou défensifs, doivent avoir de l'eau et du bois dans leur voisinage, et quand même le front de ces camps est fort, il faut que le derrière en soit ouvert, pour qu'on en puisse sortir facilement. S'il est nécessaire d'acquérir la connaissance d'un pays voisin où la bienséance ne permet pas qu'on voyage de cette façon, il faut y envoyer des officiers habiles, sous divers prétextes, ou, s'il le faut même, on peut les envoyer déguisés. On les instruit des choses qu'ils doivent remarquer, et on se note sur la carte les lieux ou les camps dont ils rendent compte. Cependant, toutes les fois que l'on peut voir par ses propres yeux, il le faut faire.

ARTICLE VII. DU COUP D'ŒIL.

Ce qu'on appelle le coup d'œil du général consiste en deux choses, dont l'une est le talent de juger sur-le-champ le nombre de troupes que peut contenir un terrain. Celui-là s'acquiert par la pratique, et lorsque l'on a tracé soi-même quelques camps, l'œil s'y forme, et ne