<82>nité est susceptible, je la prie de me croire avec l'estime la plus distinguée et la plus tendre, etc.

4. AU MÊME.

Le 28 juin 1771.



Monsieur mon frère,

Je vois, par les lettres que Votre Majesté a bien voulu me faire communiquer, qu'elle se trouve bien embarrassée de concilier les différents partis, et je crois qu'elle s'y était bien attendue. S'il y avait des Suédois en Suède, ils seraient tous du même avis pour le bien du royaume; mais les corruptions étrangères ont trop perverti l'esprit national, et une des plus difficiles attentions de son règne sera de tempérer les deux partis, pour qu'ils ne s'entre-déchirent pas. Cette balance à tenir d'une main toujours sûre n'est pas aisée en politique, et c'est pourquoi elle est digne d'entrer dans les projets de V. M. Je serais très-content de moi-même, si j'avais pu parvenir à tranquilliser des esprits effarouchés de ce qu'ils imaginaient des desseins de V. M. sans les connaître. J'ai assuré, sur ce qu'elle m'a dit elle-même, qu'il n'y avait point de nouveau traité de conclu avec la France, que V. M. n'avait aucunement le dessein de renverser les constitutions de son royaume, et qu'elle m'avait paru dans la ferme intention de cultiver autant qu'elle pourrait la bonne amitié de ses voisins. J'ai écrit en Russie que son intention avait été de finir son voyage par Pétersbourg pour retourner à Stockholm, ce que la mort du défunt roi avait dérangé. Enfin j'ai tâché d'affaiblir toutes les impressions contraires à ses sentiments et à la vérité qui commençaient à se répandre,