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17. A LA MÊME.

Le 3 août 1772.



Madame ma cousine,

Je vois, madame, que vous vous forgez des monstres pour les combattre; soyez sûre ou que je n'ai aucun crédit, ou qu'une de vos filles épousera le grand-duc. Je sais en gros qu'on demande de la future de la douceur, un maintien honnête et de la fécondité. Quant au dernier point, il faut s'en rapporter aux probabilités; les expériences ne seraient pas admissibles sur un sujet aussi délicat. J'espère donc de vous voir passer chez nous, menant votre fille en triomphe au trône qui l'attend. Assebourg est un garçon qui m'est fort attaché, et qui ne gâtera rien dans cette affaire. Il est à Francfort ou dans ses environs; je ne saurais vous dire positivement, madame, quand il commencera sa tournée. Il se peut qu'il aille dans le Würtemberg; mais à cela ne tienne, il passera chez vous sans faire semblant de rien. Je suis sûr, madame, que, en voyant les princesses vos filles, et surtout en jugeant d'elles par leur respectable mère, vous aurez gain de cause. D'ailleurs, vous pouvez vous en fier à mes soins; je travaille pour vous plus que si j'étais dans votre service; ou la chose réussira, ou je n'y entends rien. Vous serez avertie de tout ce que j'apprendrai d'essentiel, et je me confie en cela entièrement à votre discrétion. Je vois, madame, qu'on gagne à être vu de loin; je ne m'attendais pas à avoir un enthousiaste dans la personne du jeune prince de Rheinfels; je crains qu'il ne se repente en voyant de près des objets que son imagination lui peint en beau. Cependant je ne saurais haïr des personnes qui me veulent du bien, et si un instinct le porte au service prussien, je ne saurais le refuser. Il dépendra donc de lui de prendre les arrangements qu'il trouvera convenables pour entrer dans une nouvelle carrière. Souvent le hasard