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15. DE LA LANDGRAVE DE HESSE-DARMSTADT.

Darmstadt, 5 juin 1772.



Sire,

Combien dois-je être pénétrée de reconnaissance de la bonté avec laquelle V. M. s'occupe du sort de ma famille! J'ai mille grâces très-humbles à lui rendre d'avoir daigné me faire part, par sa lettre du 24, qu'elle va mettre les fers au feu. V. M. seule pourra faire pencher la balance en faveur d'une de mes filles; plusieurs princesses sont sur les rangs, et je n'ai point assez d'amour-propre pour croire que mes filles les égalent en charmes et en agréments. Je n'ose demander laquelle pourrait être choisie, mais je réponds que ma fille Wilhelmine acceptera sans aucune difficulté;a les hasards et la religion grecque ne l'effrayent point. Je suis sûre de l'aveu du Landgrave; je l'ai sondé sur ce mariage. Il est vrai que je ne lui ai point dit dass seine Tochter sollte griechisch werden; mais j'ai lieu de croire, vu les avantages qu'il se promet de cette alliance, qu'il lui pardonnera cette démarche, qui pourra rester ignorée jusqu'après le départ. Si quelque chose peut me faire désirer de conduire ma fille dans sa nouvelle patrie, c'est la permission que V. M. me donne de la lui présenter à Potsdam et d'avoir le bonheur de vous faire ma cour; ces moments ont été et seront toujours les plus heureux de ma vie. V. M. connaît toute l'étendue des sentiments que je lui ai voués; pleine de zèle, d'attachement et du plus profond respect, je suis, Sire, etc.


a Le choix de l'Impératrice tomba sur la princesse Wilhelmine, qui, arrivée à Saint-Pétersbourg, prit le nom de Natalie-Alexiewna, le 26 août (nouveau style) 1778.