227. A LA MÊME.

Ce 31 (décembre 1750).



Ma très-chère sœur,

Ce qui me console de votre absence, c'est de vous savoir en parfaite santé et de bonne humeur, comme il me le paraît par votre lettre. Les histoires que vous avez la bonté de me marquer sont très-singulières; nous n'en avons ici que de plaisantes; ce sont de ces éphémères auxquels la redoute donne naissance, et qui périssent après<225> leur naissance. Tout le monde se porte bien ici; la Reine tient cour aujourd'hui, mes frères histrionnent, je politique, Voltaire filoute les juifs, madame de Bentinck plaide,1_225-a le comte son neveu fait des sottises, madame de Camas a le rhume, et la bonne Montbail1_225-b répare à sa toilette les injures que les ans ont faites à ses attraits surannés. Je ne puis vous entretenir que de balivernes semblables; ma lettre sent son carnaval. Je vous en demande excuse, ma chère sœur, en vous assurant que je n'en suis pas moins avec un sincère attachement, etc.


1_225-a Voyez t. XXII, p. 298.

1_225-b Voyez ci-dessus, p. 11.