171. A LA MÊME.

Potsdam, 1er novembre 1746.



Ma très-chère sœur,

Je suis bien mortifié d'apprendre que vous êtes si souvent incommodée; je me flatte cependant que cela n'aura aucunes mauvaises suites. Vous avez toujours des miracles à Baireuth : tantôt des chiens verts, tantôt des monstres extraordinaires, des bagues qui font tourner des épées, des canons qui seuls font plus que dix autres. Je crois que votre général fera bien de travailler pour l'arsenal de Nuremberg; il ne pourra jamais trouver de meilleurs chalands que les bourgmestres et les syndics de cette bonne ville. Nous sommes ici dans un goût plus simple; nous adoucissons les amertumes de la vie par des divertissements et des plaisirs unis, et sans trop de fracas. Mon frère Ferdinand va à la chasse pour toute la famille; je m'amuse avec l'étude, la musique, l'architecture, le jardinage et toutes sortes d'occupations agréables, et je me prépare à rentrer en ville vers l'hiver, dans un mois d'ici. Nous aurons de bons comédiens qui nous arrivent de Paris, et l'on jouera l'opéra de Cajo Fabricio et d'Arminius.

Je souhaite d'apprendre bientôt de bonnes nouvelles de votre santé, vous priant de me croire avec une parfaite amitié, ma chère sœur, etc.