<IX>sieurs hommes distingués, particulièrement avec Voltaire, lui firent faire de rapides progrès. Aussi remarque-t-on dans ses lettres, à partir de 1736, un notable changement à son avantage. Elles sont plus solides, plus nourries et beaucoup mieux écrites, de manière qu'elles intéressent vivement le lecteur capable d'apprécier ces différences.

Quant au caractère moral de cette correspondance, il faut observer qu'il n'en est aucune, si l'on en excepte celle avec le général Fouqué, où Frédéric exprime avec tant d'abondance et de naturel les sentiments affectueux dont son cœur était plein. Ses lettres à Suhm, à Jordan et à d'Argens, quoique dictées par une confiance que n'altérait ni la bonne ni la mauvaise fortune, ne sont pas caractérisées par l'abandon absolu qui règne dans ses correspondances avec sa sœur favorite et avec son vieux compagnon d'armes. Les lettres de la Margrave sont dignes d'une femme de tant d'esprit et de goût. Enfin, si, parmi les diverses correspondances de Frédéric avec ses parents, celle avec le prince Henri est la plus intéressante au point de vue historique, celle qu'il a entretenue avec sa sœur mérite le même éloge au point de vue psychologique.a

Nous ne pouvons nous dispenser de dire quelques mots des Mémoires de la margrave de Baireuth, que nous avons déjà mentionnés plusieurs fois, et qui sont le complément indispensable de la correspondance. La Bibliothèque royale de Berlin en conserve le manuscrit original, le plus complet des textes connus. L'authenticité en est constatée par l'écriture, absolument pareille à celle des nombreuses lettres autographes adressées par la Margrave à Frédéric et à sa mère, et conservées aux Archives royales de Berlin.b D'ailleurs, le lecteur bien informé et capable de sentir et de juger une pareille composition n'aura pas de doutes sur ce point. L'autographe de la Bibliothèque royale, que l'auteur a intitulé de sa main : Les Mémoires de ma vie, est relié en un volume, composé de trois parties distinctes. La première constitue les Mémoires proprement dits, qui embrassent la période de 1706 à 1742. La seconde, portant la date de 174. (sic), renferme trois fragments sur mademoiselle Caroline de Marwitz,


a Voyez t. XXVI, p. XVIII et XIX.

b Voyez t. XXV, p. 511 et 512, et G.-H. Pertz, Ueber die Denkwürdigkeiten der Markgräfin von Bayreuth. Berlin, 1851, dix-neuf pages in-4, et deux planches présentant divers fac-similé.