<90>ments de tendresse et d'estime avec lesquels je suis, ma très-chère sœur, etc.a

78. A LA MÊME.

Ruppin, 3 mai 1740.



Ma très-chère sœur,

Vous avez trop de bonté de vous intéresser au sort des pauvres Remusbergeois.b Leur malheur a été grand, mais leurs pertes sont presque toutes réparées, et leurs maisons seront mieux rebâties qu'elles ne l'ont été. Le château a beaucoup périclité pendant l'incendie; cependant il a été heureusement sauvé des flammes.

Je crois, ma très-chère sœur, que vous m'aurez quelque obligation de vous avoir dissuadée de votre voyage dans les circonstances où nous sommes. Je suis sûr que ce voyage aurait de beaucoup abrégé vos jours par le chagrin qu'il vous aurait causé infailliblement. Le Roi est allé, malgré l'état dans lequel il se trouve, à Potsdam; il est plus mal que jamais, les symptômes empirent, et nous ne comptons plus que par mois, ou, pour mieux dire, par semaines. L'exercice m'a tiré de la galère, mais je ne crois pas que ce sera pour longtemps. Je respire la liberté avec goût; peut-être que ce sera pour longtemps qu'il faudra y renoncer. Je vous souhaite cependant toute la satisfaction possible dans votre paisible vie, et tout le diver-


a Les Mémoires de la Margrave renferment, t. II, p. 294 et 295, une lettre de cette princesse, qui ne se trouve pas parmi les autographes, avec une prétendue réponse de Frédéric, qui n'est au fond que notre no 77 fortement altéré.

b La ville de Rheinsberg avait été presque entièrement réduite en cendres le 14 avril; on n'avait pu sauver que le château et une rue.