<461> remercîments. J'ai entendu ces jours passés une opérette allemande; cela vous paraîtra nouveau, mon cher frère, mais la musique en est très-jolie, très-expressive et bien ouvragée. Les acteurs l'ont fort bien exécutée, avec tout autant d'action que les Français, et point dans le bas comique, lequel est d'ordinaire le cheval de bataille des Allemands. L'orchestre joue avec beaucoup de précision; ils ont quelques violons, appartenant à la troupe, qui ne sont pas mauvais. Enfin le tout ensemble faisait un spectacle assez amusant. Cependant je crois qu'il y faut aller rarement, pour ne pas s'émousser le goût.

Je crois, mon cher frère, que vous prenez actuellement les eaux; je fais mille vœux pour que cette cure vous fasse du bien, et qu'elle contribue à prolonger vos jours et vos années. Tout cela se peut, mon cher frère, si vous daignez vous ménager. Pardonnez-moi un excès de zèle en faveur de l'attachement le plus sincère et le plus tendre avec lequel j'ai l'honneur d'être, mon très-cher frère, etc.

29. DE LA MÊME.

Sans-Souci, 26 juillet 1769.



Mon très-cher frère,

D'où me viennent tant de bontés? Je sens, mon cher frère, que je ne les ai pas méritées. L'honneur, le plaisir et la joie de vous faire ma cour me suffisent pour me rendre heureuse et contente; je le suis de toute façon, mon cher frère, et le serai toujours, tant que je serai avec vous. Ce n'est pas, mon cher frère, que je ne ressente avec la plus vive reconnaissance le prix de votre générosité; tant de bienfaits ont lieu de me surprendre; mais, quels que soient les dons que