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9. DE LA MARGRAVE D'ANSBACH.

Triesdorf, 21 juin 1743.



Mon très-cher frère,

Les expressions les plus vives que je pourrais faire par écrit ne suffisent pas pour vous témoigner la reconnaissance que je vous dois, mon cher frère, de la grâce que vous avez bien voulu me faire en m'envoyant le docteur Eller.a La bonté et le soin que vous avez pris pour ma santé m'obligent de vous rendre mes très-humbles remercîments. En vérité, je ne mérite pas cette peine que vous vous êtes donnée, et quoique je sois très-sensible à cette nouvelle preuve de votre bienveillance, je suis cependant mortifiée de vous être privé d'une pareille absence, qui est toujours si nécessaire. Il m'a rendu la lettre que vous m'avez fait l'honneur de m'écrire, de même que les bienfaits de votre générosité, que je regarde comme un beau présent de votre part, dont je vous rends mille grâces, parce que je ne puis prétendre à aucun intérêt. Le ressouvenir qu'il vous plaît de me faire, mon cher frère, du capital en question est aussi un effet de votre bonne volonté, ayant bien voulu accomplir par là l'intention du feu roi à mon égard;b c'est pourquoi j'ai doublement sujet de vous supplier de ne vous point incommoder en aucune manière, étant toujours contente avec ce que vous jugerez à propos de faire;


a Voyez t. XVI, p. XII, art. XI, et p. 197-201; t. XXVI, p. 136; et ci-dessus, p. 201.

b Il s'agit ici des trente mille écus que Frédéric-Guillaume Ier avait légués à la margrave d'Ansbach, comme à chacune de ses cinq autres filles, par son testament du 1er septembre 1733. Frédéric, n'ayant ouvert ce testament qu'au mois de décembre 1741, ne pouvait payer les legs du feu roi pendant la guerre. Plus tard, il paya à ses sœurs les intérêts annuels du capital, c'est-à-dire, chaque année la somme de mille cinq cents écus, par exemple, à la margrave d'Ansbach le 10 mars 1752 et le 11 mars 1753; le 27 avril 1760, il lui paya trois mille écus pour deux ans. Voyez t. XXVI, p. 632.