<30> s'il n'y avait quelque incident qui m'en empêchât. Pour ce qui regarde le Roi, il faut que je vous marque avec le plus grand étonnement du monde qu'il se remet entièrement, qu'il commence à marcher, et qu'il se porte mieux que moi. J'ai dîné hier avec lui, et je puis vous assurer qu'il mange et boit comme quatre. Il ira dans huit jours à Berlin, et je crois pour sûr que dans quinze il sera à cheval. C'est un miracle aussi extraordinaire qu'il y en a eu;a car, après avoir eu plus de trois accidents et maladies mortelles à la fois, d'en revenir entièrement, c'est plus qu'humain, et il faut croire que le bon Dieu a de très-bonnes raisons pour lui rendre la vie. Il faut que j'aille à présent de l'autre côté. Adieu, ma très-chère sœur; croyez et soyez bien persuadée que je suis de cœur et d'âme, ma très-chère sœur, etc.

25. A LA MÊME.

Berlin, ce je ne sais quantième de juin 1735.



Ma très-chère sœur,

J'ai reçu avec plaisir la lettre que vous m'avez fait la grâce de m'écrire, et principalement puisqu'elle me réitère la continuation de votre précieuse santé. J'ai à présent eu le plaisir de recevoir de vos chères lettres, de sorte que j'ai réponse à toutes les miennes. Ma situation n'est pas telle que vous le pensez, ma très-chère sœur. La maladie du Roi n'est que politique; il se porte bien dès qu'il en a l'envie, et se rend plus malade lorsqu'il le trouve à propos. J'y ai été


a Voyez les Mémoires de la Margrave, t. II, p. 207 et 208, et le Journal secret du baron de Seckendorff, p. 9.