<279> ne désespérerais pas que, quand M. de Folard sera congédié, vous ne pussiez l'avoir. Je suis depuis quelques années dans la malheureuse habitude de perdre des amis. Je sais bien comme on les pleure, mais non pas comme on les remplace. Souffrez que je vous entretienne de sujets plus agréables, et que je vous félicite d'avance sur le jour de naissance qui m'a procuré une si chère sœur et une si bonne amie. Vous devez bien croire que personne ne prend plus que moi part à ce qui vous touche, et qu'on ne saurait être avec un plus tendre attachement et une plus haute estime que, ma très-chère sœur, etc.

278. A LA MÊME.

Le 2 août 1754.



Ma très-chère sœur,

Je suis fort fâché de ce que vous n'ayez pas pu continuer les eaux; j'aurais souhaité que Cothenius n'eût pas eu besoin de vous les faire interrompre, et je crains bien plus, à présent que vous aurez appris la fin de Montperni, que la peine que vous cause sa perte n'altère votre faible convalescence. Je vous conjure, ma chère sœur, de vous servir de tout l'empire que vous avez sur vous-même, de cette divine raison dont vous faites en toute occasion un si excellent usage, pour modérer les mouvements de votre sensibilité. Vous vous trouvez dans une situation où j'ai eu le malheur d'être trop souvent dans ma vie; mais nos regrets sont superflus. Ceux qui sont morts ne sont pas à plaindre; ils sont sourds à nos plaintes, ils n'entendent plus la voix de l'amitié qui leur parle encore. Le temps nous apprend toujours à nous consoler de leur perte; pourquoi la raison ne ferait-elle