<248>fusion m'oblige de finir, étant avec tout le respect et la tendresse imaginable, mon très-cher frère, etc.

250. DE LA MÊME.

Le 31 janvier 1752 (1753).



MON TRÈS-CHER FRÈRE,

Le départ de la Venturina m'offre l'occasion favorable de vous assurer encore des sentiments de mon cœur. Elle m'a trouvée dans une maison de particulier, environnée de hardes et d'effets sauvés. Nous ne savons point encore où donner de la tête, ne pouvant nous éloigner d'ici, la présence du Margrave y étant nécessaire. J'ai retrouvé encore une partie de ma garde-robe. Beaucoup de meubles, de bijouteries et de porcelaines sont brûlés. Le Margrave a perdu tout ce qu'il avait dans ses appartements. Il regrette beaucoup ses flûtes et sa musique, d'autant plus qu'il n'a pas la moindre récréation pour dissiper son chagrin. J'ose vous supplier, mon très-cher frère, de lui envoyer une flûte et quelques concertos de Quantz. Selon toutes les apparences, le feu a été mis au château. Ce qui nous a été le plus sensible a été la mauvaise volonté des gens d'ici, qui n'ont point voulu donner de secours, et se sont cachés ou sauvés pour n'avoir point besoin de travailler. Il n'y a eu que le militaire, la cour et les étrangers qui ont tiré du feu le peu qui nous reste. Pardonnez, mon très-cher frère, si je vous entretiens encore de ce triste événement; c'est la nouvelle du jour, je n'entends parler d'autre chose, la tête m'en est toute confuse. C'est ce qui m'oblige