<225> leur naissance. Tout le monde se porte bien ici; la Reine tient cour aujourd'hui, mes frères histrionnent, je politique, Voltaire filoute les juifs, madame de Bentinck plaide,a le comte son neveu fait des sottises, madame de Camas a le rhume, et la bonne Montbailb répare à sa toilette les injures que les ans ont faites à ses attraits surannés. Je ne puis vous entretenir que de balivernes semblables; ma lettre sent son carnaval. Je vous en demande excuse, ma chère sœur, en vous assurant que je n'en suis pas moins avec un sincère attachement, etc.

228. A LA MÊME.

Ce 22 (janvier 1751).



Ma très-chère sœur,

Votre lettre m'a fait un sensible plaisir; j'y vois la continuation de votre bonne santé et de votre belle humeur. Hier, j'ai vu madame de Kannenberg à la cour, et nous n'avons parlé que de vous. Si les oreilles ne vous ont pas corné, ma chère sœur, ce n'est pas notre faute.

Vous me demandez ce que c'est que le procès de Voltaire avec le juif.c C'est l'affaire d'un fripon qui veut tromper un filou; il n'est


a Voyez t. XXII, p. 298.

b Voyez ci-dessus, p. 11.

c Le procès de Voltaire avec le juif Hirschel a été imprimé dans les Annalen der Gesetzgebung und Rechtsgelehrsamkeit in den Preussischen Staaten, publiées par E.-F. Klein, t. V, p. 215 à 276. Voyez, à ce sujet, la correspondance de Frédéric avec le célèbre poëte, t. XXII de notre édition, p. 294 et suiv., et la lettre de la margrave de Baireuth à Voltaire, du 18 février 1751, Œuvres de ce dernier, édit. Beuchot, t. LV, p. 565. Ce procès suivit immédiatement la querelle que Voltaire eut avec d'Arnaud, et qui fut le principe de l'aigreur dont on trouve tant de traces dans sa correspondance avec le Roi.