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5. A LA REINE-MÈRE.

Potsdam, 25 août 1743.



Madame,

Je suis charmé de ce que le beau temps permet à ma très-chère maman de se promener. La tendre part que je prends à sa santé me lait espérer que cela contribuera à l'affermir. Je ne saurais non plus mander d'ici de grandes nouvelles à ma très-chère maman. Nous avons dîné hier sur la montagne,a d'où la vue est charmante. J'attends Voltaire dans le cours de la semaine prochaine; il vient avec le jeune Podewils,b ministre à la Haye. La conspiration de Russie a été tramée par le marquis de Botta,c ce qui est une action horrible et indigne d'un honnête homme. Le fait cependant est si avéré, qu il ne laisse aucun lieu au doute. L'Impératrice a pleuré de ce que ses perfides sujets la forçaient à être sévère contre son inclination.

J'ai l'honneur d'être avec la tendresse la plus respectueuse,



Madame,

de Votre Majesté
le très-humble et très-obéissant
serviteur et fils,
Federic.


a Le Roi parle probablement du coteau que plus tard il nomme ordinairement sa vigne, et où il fit bâtir le château de Sans-Souci. Voyez H. L. Manger's Baugeschichte von Potsdam, p. 34, 36 et 46; voyez aussi notre t. X, p. V et VI; t. XIII, p. 42; t. XXIII, p. 170 et 181; t. XXIV, p. 538; et ci-dessous, p. 87.

b Voyez t. XXII, p. 151 et suivantes.

c Voyez t. III, p. 23 et suivantes, et ci-dessus, p. 26 et 27, no 36.