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12. AU MÊME.

Fürstenwalde, 28 août 1759.

Vous avez grande raison, mon cher frère, de me croire dans une situation difficile et épineuse. Cela finira comme tout finit dans le monde. Il faut de la fortune pour que ceci tourne à bien; les dés sont sur la table, le hasard en décidera. Attendez les événements sans vous inquiéter, et prenez soin de votre santé. Mes compliments à tous nos généraux blessés. Le prince de Würtemberg a ou mal lu, ou mal compris ma lettre; mais ce qu'il y a de vrai, c'est que, une grosse heure avant la fin de la bataille, il n'y avait plus de cavaliers sur tout le champ de bataille. Ce n'est pas la faute des généraux blessés, mais c'est ce qui nous a perdus.

13. AU MÊME.

Waldow, 5 septembre 1759.



Mon cher frère,

Je ne suis qu'un homme. Vous vous intéressez à ma conservation par amitié; mais, mon cher frère, l'État a subsisté avant moi, et se soutiendra après ma mort, s'il plaît à Dieu. Vous devez bien juger que, né sensible comme je le suis, j'ai souffert le martyre pendant trois semaines. Notre situation est moins désespérée qu'elle ne l'était il y a huit jours; mais je me vois entouré d'écueils et d'abîmes. Ma tâche est très-difficile, et, à moins de quelque miracle, ou de la divine ânerie de mes ennemis, il sera impossible de bien finir la cam-