<544>J'ai encore des affaires dans la province, qui m'arrêteront bien encore une dizaine de jours, et à présent ce sont les marches des régiments, l'embarquement des équipages et cent choses de cette espèce avec lesquelles je m'occupe pour tout régler et aller à l'épargne autant que possible. Je suis, etc.

365. DU PRINCE HENRI.

Rheinsberg, 30 novembre 1781.



Mon très-cher frère,

Il est naturel que je commence ma lettre par ce qui m'intéresse le plus. Vous avez, mon très-cher frère, les hémorroïdes, et je réponds à cela que, tant que la nature produit ces forces, qu'elle produit les écoulements utiles à la conservation du corps, il est égal alors quel âge l'on a. Je ne compte donc pas les soixante et dix ans que vous alléguez, mais je compte beaucoup sur la constitution admirable que vous avez reçue, et qui prolongera votre vie jusqu'au terme le plus reculé. Ceci n'est pas une hypothèse métaphysique, elle est fondée sur l'expérience, tandis que, comme vous l'observez, mon très-cher frère, le métaphysicien s'égare en vains raisonnements sur des objets que l'esprit ne peut concevoir, et que le raisonnement ne saurait définir. Il y a cependant une grande distance entre le philosophe de bonne foi, celui qui, le compas à la main, veut établir des principes, et celui qui n'a que sa réputation pour objet, et, pour l'établir, s'attaque indifféremment à tous les objets, soit pour frapper les esprits par des idées qui paraissent neuves, ou bien pour établir ses hypothèses conjecturales et, la plupart du temps, fondées sur aucun