<538> guerres. C'est un grand jeu de hasard, où celui qui calcule le mieux gagne à la longue. Cette matière est inépuisable; elle fournirait matière à barbouiller des volumes in-folio, et l'on manquerait plutôt de papier que de sujets de raisonnements. Le temps est très-doux ici. Les ruisseaux sont, à la vérité, devenus des torrents; mais la bonne volonté vainc tous les obstacles. Quand je saurai des nouvelles plus importantes, je ne manquerai pas de vous les communiquer, étant, etc.

358. AU MÊME.

Silberberg, 14 février 1779.



Mon très-cher frère,

Je m'en rapporte au chiffre quant aux nouvelles politiques, et pour d'autres nouvelles, mon cher frère, je n'en ai aucune aujourd'hui qui mérite de vous être mandée. Silberberg est un si petit théâtre, qu'à peine arrive-t-il tous les vingt ans une chose digne d'être sue dans le voisinage. Je m'amuse quelquefois avec le général Kamensky, dont la vivacité est digne d'un habitant de la Provence. Hier j'ai fait pour la Russie la conquête de la Perse, et j'ai déclaré le petit général vice-roi de cette nouvelle conquête. Je l'ai établi avec sa cour et un million de revenus à Ispahan. Il a fort goûté ce projet, et je crois qu'il est tout occupé pour se styler à ce bel emploi et pour régler les dépenses. Cela l'a rendu heureux durant la séance de la table, et ce rêve agréable l'a occupé pendant toute la nuit. Vous voyez, mon cher frère, qu'il faut être entreprenant, ou que l'on ne conquerra jamais des Perses, ni des Mogols. Souffrez que je m'arrête en si beau