<529> en étant exagéré pourrait vous faire illusion. Le régiment de Thadden, qui garde le défilé de Dittmannsdorf,a fut averti par les généraux qu'il serait attaqué par l'ennemi; sur quoi le colonel doubla les gardes, mais sans assembler les troupes. L'ennemi attaque nos ouvrages, et est repoussé partout, ainsi que par les hussards et par les dragons; mais cinquante pandours, tournant par les montagnes, entrent dans le quartier du colonel, tuent la sentinelle, enlèvent huit drapeaux, et s'en vont. Heilsberg a été tué, et deux soldats; l'aide de camp, blessé; mais d'ailleurs, il ne manque pas un homme au régiment. Ces huit drapeaux vont remplir les gazettes et faire un tapage étonnant dans les relations autrichiennes; mais vous pouvez compter que ce que je vous mande est la pure vérité. Je suis, etc.

350. AU MÊME.

Breslau, 15 novembre 1778.



Mon cher frère,

L'ennemi paraît vouloir nous harceler tout l'hiver. Il a fait une attaque sur le village de Weisskirch, qui a été défendu par le régiment de Rentzellb avec tant de vigueur, qu'ils l'ont poursuivi presque un demi-mille. Voilà, en vérité, tout ce que je puis vous marquer d'ici. D'ailleurs, les affaires ne me manquent pas, et ma soi-disant indépendancec ne me garantit point d'un travail qui commence à la


a Dittersbach. Voyez t. VI, p. 191.

b Le lieutenant-général Christophe-Frédéric de Rentzell, chef du 23e régiment d'infanterie, était mort à Frankenstein le 4 juin 1778, dans sa soixante-seizième année, et ce fut son successeur, le général de Thüna, qui défendit le village de Weisskirch, le 12 novembre.

c Ces derniers mots font allusion au passage suivant d'une lettre inédite du prince Henri à Frédéric, Gross-Sedlitz, 12 novembre 1778 : « Je ne suis nullement surpris que vous trouviez de grandes occupations à Breslau; c'est l'apanage de la royauté, laquelle sans doute a ses peines, qui sont couvertes par la gloire, la richesse et l'indépendance. »